La Mesure de l'Excellence

LES ARTICLES DES MOIS DE JUILLET - DÉCEMBRE 2016
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Visite de l’exposition Dans les armoires de l’impératrice Joséphine : La collection de costumes féminins du château de Malmaison.

Cet article fait suite à celui de mon blog visible ici.

Parcourons ensemble l’exposition Dans les armoires de l’impératrice Joséphine qui se déroule, jusqu’au 6 mars 2017, dans le château de Malmaison ayant appartenu à Joséphine de Beauharnais (1763 – 1814). Toutes les photographies sont prises par mes soins dans ce château totalement réaménagé avec du mobilier de l’époque de cette souveraine.

Les photographies ci-dessus sont celles d’une vue extérieure du château et d’une de ses pièces, avec au milieu une table de toilette d’époque Premier Empire, avec des pieds en forme de lyre. On remarque en particulier les cygnes des fauteuils, symboles du désir : dans la mythologie Zeus (Jupiter) s’étant métamorphosé en cet animal afin de séduire Léda. L’Antiquité étant très à la mode à cette époque l’évocation n’est pas anodine. On retrouve des cygnes sur la frise extérieure du tapis de sol, avec en son centre un paon faisant la roue. Ce dernier possède aussi une emblématique forte avec les yeux de ses plumes rappelant d’être vigilant, mais aussi un symbole d’immortalité et de beauté : on croit qu’il mange du poison et en devient encore plus beau et fort. Le style du mobilier est bien sûr antiquisant, avec ses formes simples et angulaires, ses motifs à palmettes, rosettes, médaillons, etc.

Sur le portrait de gauche, qui reprend sans doute (je n’ai pas pris note du cartel) celui de baron Gérard (1770 - 1837), l’impératrice porte une robe aux épaules bouffantes et à crevés, ainsi qu’une collerette sans doute en dentelle, appelée durant le Premier Empire : « chérusque ». Tout cela rappelle le XVIe siècle, remis déjà à la mode dès le début du XIXe, après et pendant la vogue de l’anticomanie.

À droite nous avons un autre portrait, dont je n’ai pas noté le nom, avec une chérusque. L’habit noir de cette jeune femme est en harmonie avec ses cheveux et ses yeux du même ton, tout cela faisant ressortir la blancheur de sa peau, dont la délicatesse est soulignée par l’adjonction de cette gracile collerette de dentelle qui encadre son visage et son cou. On ne distingue aucun maquillage, la mode étant alors au naturel, en opposition à ce qui s’apparente à de la véritable peinture au XVIIIe siècle et aux siècles précédents (depuis l’Antiquité). Ses cheveux aussi présentent un certain ‘négligé’ à la mode en particulier autour de 1830 (époque Romantique). Le portrait de gauche est par contre une image officielle de l’impératrice en habit de cour… qui est même celui du sacre de Napoléon.

Avant de commencer sur l’exposition, déambulons dans la château où Joséphine habite et même meurt, au milieu de son réaménagement, ce bâtiment étant un musée depuis 1904, grâce au lègue à l'État français de Daniel Iffla, avec sa collection napoléonienne. Les lègues sont primordiaux dans l’histoire de ce musée et de ses collections. La plupart des habits en sont, notamment quelques-uns de dons de Napoléon III, et autres descendants plus récents.

Ci-dessous nous avons une salle où là toujours les références à l’Antiquité sont nombreuses. Le portrait en pied de l'impératrice Joséphine par Henri-François Riesener (1767-1828) est particulièrement intéressant pour son contrapposto, c’est à dire son déhanchement, le poids du corps reposant sur une jambe, à la manière de certaines statues antiques.

Ci-dessous un nécessaire de toilette de Joséphine datant de 1806 avec un portrait de Napoléon.

Coffret sans doute de toilette. 


Les grands miroirs (psychés) dans lesquels on peut se voir en pied sont très en vogue au début du XIXe siècle. De nouveaux procédés de fabrication de miroirs de grandes tailles apparaissent sans doute à la fin du XVIIIe siècle.

Table de toilette avec une aiguière et son bassin pour se laver.

Après avoir parcouru de nombreuses salles, on monte jusqu’à la salle des atours où à l'époque sont rangés les vêtements de Joséphine. Une grande partie des placards de l’époque sont conservés avec pour certains des restes de leur aménagement intérieur : tiroirs, etc. Chemises, bas, jupons, et d’autres objets intéressants sont exposés dans cette salle.

Sur la photographie un jupon est posé sur une chaise et encadré de deux chemises. Celles-ci ont encore l’aspect d’une tunique comme c'est le cas durant l’Antiquité (la camisia des Gaulois). Dans la première moitié du XXe siècle, les chemises pour hommes sont encore assez longues.

Plusieurs autres choses retiennent l’attention dans cette salle comme un coffret à linge de l’impératrice en velours de soie bleu brodé de fils métalliques dorés, contenant sans doute des accessoires pouvant lui servir : mouchoirs, châle, etc. Ci-dessous nous avons l’exemple d’un de ses mouchoirs, en « toile de lin, fil de coton », dont la taille est impressionnante. À côté se trouve l’un de ses corselets, ancêtres du soutien-gorge. Celui-ci est en pékin de soie broché (brodé de fils de soie) avec une doublure de « coton gratté ».

Ci-dessous chiffre de l’impératrice brodé sur le mouchoir.

Ci-dessous garniture de cheveux et bonnets.

La visite se poursuit dans deux salles consacrées aux robes et manteaux. Certains sont des exemples d’habits de cour. D’autres sont plus modestes mais toujours de qualité et en bon état de conservation. On peut observer la beauté des broderies, en particulier métalliques, des dentelles, des tissus, etc. La qualité de leur conservation et celle de leur entretien sont remarquables. Ci-après quelques robes, châles, bonnet, chaussures...

Article publié le 8 décembre 2016 par LM
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Quelques objets sur la mode ancienne mis en vente le 26 novembre.

Photographies ci-dessous : Gravures d'Abraham Bosse de 1633-1642.

La première est intitulée Le Barbier. Elle est particulièrement intéressante car représentant un homme sous Louis XIII à sa toilette, plus particulièrement au moment où il se fait boucler la moustache par un barbier qui utilise un fer à friser qu’un garçon chauffe sur un réchaud.

Le moment gravé dans la seconde estampe est celui d’une promenade dans une galerie du Palais-Royal où sont installés un couple de libraires, un autre de merciers et un troisième de marchands de draps (dentelles…). Au centre de la scène, un homme montre un éventail à une dame et sa compagnie.

Photographie ci-dessous : Journal des Dames et des Modes. « Costumes Parisiens ». 1801-1802.

Photographie ci-dessous : « Réticule (dit aussi ridicule ou « indispensable ») d’une « Merveilleuse » à deux faces et rabat rigide articulés, gainé de chagrin rouge à profil de citrouille, intérieur taffetas de soie vert. Sur la face de parement moulé, les côtes sont soulignées d’un jonc métallique. Au sommet du rabat, la queue recourbée de la citrouille est en acier poli découpé comme le fermoir. 14,5 x 19 cm. Cet accessoire voyant à connotation humoristique était d autant plus remarqué qu il se portait sur une robe chemise de mousseline blanche. Fabrication parisienne, vers 1800, tel que reproduit dans les albums de Pierre de La Mésangère. »

Article publié le 23 novembre 2016 par LM
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Jeune femme à sa toilette en 1515 par Giovanni Bellini.

Je vais ici analyser une œuvre liée à la toilette, une peinture du vénitien Giovanni Bellini dit Giambellino (vers 1425-1433 – 1516), appelée en français d’une manière très originale Jeune femme à sa toilette et conservée au Musée d'Histoire de l'art de Vienne. Elle date de 1515.

Une femme est dans son intérieur, presque entièrement nue, près d’une fenêtre d’où on contemple une nature qui indique que l’on est au moment de l’aurore ou du crépuscule. Un miroir est placé derrière sa tête lui permettant de voir dans un autre plus petit le dos de sa chevelure.

Ce premier miroir fait penser à un soleil ou une lune encerclant sa tête comme pour une sainte, faisant de cette dame un être divin, une divinité solaire ou lunaire, une Vénus ou une Diane, selon qu’elle se prépare pour le jour ou pour la nuit. Il s’agit plus certainement du premier cas, car sa coiffure rappelle celle qui protège les cheveux durant le sommeil. Son corps se lève brillant, comme la lumière de l’astre diurne encore diffuse, mais prometteuse d’une grande clarté. Sur le rebord de la fenêtre un flacon transparent comme la rosée contient une solution de toilette, sans doute un lait dont elle va se laver le corps, si ce n’est déjà fait, avec l’éponge posée au-dessus, donnant à sa peau cette teinte fraîche, délicate et d’un blanc crémeux. Cette blancheur, sa beauté, se détache particulièrement sur le fond sombre, la faisant surgir du néant, pour une renaissance, celle d’un jour qui s’annonce prometteur.

Le moment de passage qu’est la toilette matinale est particulièrement bien retranscrit, cet état intermédiaire qu’elle implique, cette atmosphère spéciale. Cela conduit nos sens à presque ressentir la peau du modèle, toucher la subtile évanescence de son visage, à sentir l’odeur de son épiderme mêlée à celle de son lait de toilette exposée à la lumière de l’aurore, à la rosée matinale, à la féerie de ce moment.

Peut-être le flacon contient-il plus simplement du lait avec au-dessus du raisin : petit-déjeuner matinal mais aussi signes de civilisation, avec derrière des habitations dessinées méticuleusement.

Le drap du lit est enroulé autour de cette femme, comme un cordon ombilical la reliant encore au monde du rêve dont elle s’extrait, comme le jour s’extrait à la nuit. Ce drap froissé a la couleur d’une chair intérieure (celle de ses lèvres, du désir). Il rappelle la création, le surgissement de l’art depuis la matière brute, cet acte d’amour. Apparaît une Vénus.

À l’opposé du drap froissé et virginal, un tissu repassé aux figures géométriques annonce le passage vers la civilisation et vers l’œuvre achevée. Un billet doux posé sur cette étoffe évoque cette réalité prometteuse, cette civilisation de plaisirs pour laquelle elle se prépare. Ce mot achève aussi la toile, la signe avec la signature du peintre qui y est inscrite ainsi que la date de cette création.

Le visage de cette femme est beau. Son corps est frais, encore endormi , dessiné avec minutie. Le décor sombre fait ressortir ce corps, mis en parallèle avec le paysage, sa lumière, la délicatesse et la réalité de sa chair.

Les miroirs renvoient aussi à la réalité de la peinture, ou plutôt à son reflet, son artifice qui est de même celui employé lors de la toilette. Dans celui du mur, le spectateur devrait se voir, et même en premier lieu le peintre. Celui-ci transcende son modèle pour extraire l’idéal, à travers son œuvre qu’il crée et étreint par l’évocation du miroir. Du reste cet idéal de beauté a rendez-vous avec l’artiste comme le suggère le billet-doux ; cet idéal de beauté qu’il a créé, sorti du néant, en le peignant, le faisant apparaître de ce fond sombre, comme l’enfant naissant, comme l’œuvre de l’esprit faite matière, les étoiles surgissant dans la nuit, la lune, le soleil, la lumière. Le spectateur lui aussi embrasse cette beauté, entre en elle, dans la peinture par ce jeu de miroirs, et goûte la chair du modèle, son parfum, cette atmosphère de plaisir, sa douce réalité, sa perfection… et la perfection de la composition.

Si dans cette œuvre nous sommes dans ce moment intermédiaire qu’est la toilette, celui où l’on passe du monde des rêves à la réalité, on est aussi dans celui de l’acte de création.

Article publié le 8 novembre 2016 par LM
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Photographies anciennes de mode

Le 8 novembre 2016, la maison de ventes aux enchères Millon propose des photographies de Séeberger frères, mais aussi d’autres de mode du début du XXe siècle jusqu’aux années 1970. Le catalogue pdf est visible ici.

Photographies du catalogue

Article publié le 19 octobre 2016 par LM
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Poser

J’ai déjà écrit sur Le poseur et la poseuse. On les retrouve dans mon livre sur Les Petits-maîtres de la mode.

Photographies ci-dessus du livre Les Petits-maîtres de la mode (XIIe-XXIe siècles).

Photographies ci-dessous du livre Les Poses de la collection Illustration de Mode de Maite Lafuente, Javier Navarro et Juanjo Navarro (Maomao publications, Espagne, 2007).

Article publié le 16 septembre 2016 par LM
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Très Belle Période Estivale à Tous !

Assiettes du XIXe siècle de la série « Aux bains de mer » avec ci-dessus : « (11) Marquise, je vous présente mon neveu Raoul de St Estèphe. », et ci-dessous : « (8) Le défilé des beaux hommes. »

Article publié le 9 juillet 2016 par LM
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