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Elégances françaises du XXe siècle.
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LA SOCIETE ET LE HIGH-LIFE, adresses à Paris et en Province, 1903, quatrième édition (la première édition a paru en 1883 ; la seconde en 1890 ; la troisième en 1895), Nancy, Imprimerie Berger-Levrault et Cie, 1903. Première partie de A à N. 708 pages reliées au format In-8° (21 x 13,5 cm). Tranches dorées. Reliure un peu passée, quelques petites taches à l’intérieur mais ensemble très correct.
Pour chaque patronyme figurent la nationalité, le nom patronymique, les titres nobiliaires, le Chef de Famille ou de Branche, Fonctions, Grades et Dignités de Monsieur, anciens et actuels, les Décorations, nom de Famille de Madame, les enfants, Domiciles et Résidences, la Poste, télégraphe avec distance en Km et téléphone, etc. L’ouvrage est précédé de la descendance des Princesses de la Maison de France et de la Maison Napoléon Bonaparte mariées à des Souverains et Princes étrangers.

1903

1903. La Vie Heureuse.
>Le jeune gommeux

LE GOMMEUX ET LA MIDINETTE. Carte postale, dont le tampon semble être daté de 1904, représentant une jeune fille à la mode, venant de faire ses emplettes à moins qu'elle soit marchande de mode : une midinette (elle a un carton de magasin), s'étant faite arroser par un jardinier. Celui-ci est  sermonné par un gommeux : « Un jeune gommeux, Peut-être amoureux, S'approcha pour blâmer le jardinier honteux. »
>1812

1812. Eau-forte aquarellée de Roger Broders (1883-1957) provenant du Journal des dames et des modes (série complète du n° 1 à 79), édité à Paris « Au bureau du Journal des dames » du 1er juin 1912 au 1er août 1914. Cette planche n°29 est de 1912, avec pour légendes : « Costumes parisiens. » « Robe et Toque de velours de soie ... ». Dimensions du papier : 22,4 x 14,3 cm. Belle épreuve un peu piquée dans les marges atteignant très légèrement le dessin en haut. Le papier est vergé et ressemble tout à fait à celui des gravures du Journal des dames et des modes de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe. Le filigrane même semble être de cette époque. Le Journal des dames et des modes est la revue du temps des merveilleuses. Cette nouvelle édition au début du XXe siècle marque un renouveau de la même ampleur, avec derechef l'abandon du corset et avec des lignes plus droites.


LE HIGH-LIFE TAILOR. Les Embellissements du High Life Tailor. Printemps-été 1923. Catalogue couleur de 27 x 21 cm et 15 pages.
Passages du texte : « Au coin du Boulevard et de la rue Richelieu, au point précis où s’élèvent aujourd’hui les somptueux Magasins du HIGH LIFE TAILOR, existait autrefois un pavillon fameux appelé Frascati, du nom d’une petite ville d’Italie, célèbre par la beauté de son site. / On était en 1796, sous le Directoire, au lendemain de Thermidor ; le fondateur de Frascati, grâce à son habileté commerciale, avait acquis en peu de temps une très grande prospérité. Sa maison était devenue pour les Parisiens un séjour de prédilection ; toute la jeunesse dorée s’y donnait rendez-vous. / Vêtus d’habits à longues basques, engoncés dans de hautes cravates et armés de lourdes cannes, les Incroyables – on prononçait Incoyables, suivant leur bizarre manie de supprimer les r – s’y rencontraient, chaque jour, avec tout un essaim de jolies Merveilleuses, - les Méveilleuses – aux riches joyaux, aux toilettes vaporeuses, à la vertu peu farouche. On causait, on entendait de la musique, on dégustait des glaces savoureuses, on dansait, on dinait, on soupait et parfois l’on jouait un jeu d’enfer, non sans conspirer bruyamment contre l’ordre établi ; - c’était la mode. / Le soir venu, tout Paris d’alors accourait contempler les superbes feux d’artifice que le maître de céans, pour la distraction de son élégante clientèle, tirait dans ses jardins – des jardins en plein boulevard, ô prodige du passé. / […] Ce furent les beaux jours de Frascati. Aucun établissement de la Capitale ne jouissait d’une vogue comparable à la sienne. Ses salons luxueusement décorés, étincelants de dorures et resplendissants de lumière rappelaient, jusque dans les moindres détails, la bonne tenue, la distinction et le tact des grandes maisons d’avant la tourmente. / Une nuée de valets corrects y assuraient un service irréprochable ; musique joyeuse, danses enivrantes, divertissements sans cesse renouvelés excitaient la curiosité et attiraient la foule. C’était la fête perpétuelle, agrémentée la nuit, par des milliers de lampions de couleurs, accrochés aux branches des arbres, disséminés dans les bosquets et sur les pelouses. / […] Elégantes et gens du monde, hommes de finances et riches étrangers y venaient achever la soirée et, tout en devisant des nouvelles du jour, absorber délicatement du bout des lèvres, thé, chocolat, fruits des tropiques, bonbons, glaces exquises et gâteaux parfumés. / […] Plus de glaces aux parfums du jour, ni de valses tourbillonnantes ; plus de jeux de hasard, plus de lampions bariolés ni de feux d’artifice multicolores. Mais de beaux Messieurs encore, des belles Dames toujours, comme aux grands jours du Directoire. […] Le Temple de la Beauté, suivant l’expression d’autrefois, s’est transformé ; il est devenu aujourd’hui le Temple de l’Elégance et du Bon Goût. Son nom n’est plus Frascati ; il s’appelle HIGH LIFE TAILOR. »



BOULEVARD DES CAPUCINES. Carte postale de 1902 présentant une photographie du boulevard des Capucines.



BOULEVARD DES ITALIENS. Carte postale de 1906 présentant une photographie du boulevard des Italiens.



BOULEVARD DE MONTMARTRE. Carte postale de 1903 présentant une photographie du boulevard de Montmartre.

Son arrivée

Grande lithographie (52x70,5 cm) de Georges Goursat dit SEM (1863-1934) provenant d'un de ses albums publiés au début du XXe siècle (jusqu'en 1927). Elle fait partie d'un diptyque avec « Son arrivée » et « Son départ ». Ici il s'agit de la première.


AMAZONE. " La Jupe-Culotte " A l'Amazone " ". Carte postale du début du XXe siècle.
Freluquet de la ville

LE FRELUQUET. « 34. Gauloiseries françaises - Freluquet de la ville – Dis donc, freluquet de mon cul …, c'est il parce que tu es étudiant de grande ville que tu voudrais m'couper l'herbe sous le pied ? » Le freluquet est un jeune homme souvent d’apparence frêle, à la mise soignée, léger et prétentieux. Le mot est déjà usité au XVIIe siècle. Il vient sans doute de freluque (mèche de cheveux) ou freluche (petite chose ou ornement de peu de valeur). « Il signifie Un homme léger, frivole & sans mérite. Ce n'est qu'un freluquet. Il est du style familier. » Dictionnaire de l'Académie française, 4ème Edition, 1762.


MASCARADE. « Chez Edouard & Butler -"Monseigneur, c'est tout à fait pour vous." -"Ravissant! Il ne me manquera que mon turban!..." » Lithographie originale en couleur, éditée en 1909 ou 1910. Extrait de l'album Monte Carlo. Dimensions : 500 x 330 mm (toute la feuille). Plis sur les bords.



ANNEES FOLLES. La Ronde de nuit de Sem (textes et illustrations) offre quelques exemples des occupations très américaines de la jeunesse de l'avant et après guerre de 14-18. Il s'agit d'une compilation d'articles de Sem écrits pendant cette période et rassemblés par l'éditeur dans cette première édition originale de 1923. Le second article date d'avant la guerre : de 1912 « année mémorable qui vit le tango argentin, nouvellement débarqué à Paris, y risquer ses premiers pas compliqués. » Quelques lieux où on se passionne pour cette danse d'Amérique du sud y sont décrits. Le premier article (qui porte le titre du livre) date de 1920. Il évoque la mode d'Amérique du nord de l'après-guerre dans la capitale, durant les années folles : « Cet article est la description un peu poussée d'un dancing clandestin. Il a été écrit au lendemain de la guerre, après l'armistice. A cette époque, pour économiser la lumière électrique, disait l'ordonnace de police, tous les lieux de plaisir devaient être fermés à onze heures précises. Comme cela gênait les noctambules enragés on essaya de tourner la loi. Des tenanciers ingénieux organisèrent des dancings plus ou moins dissimulés, dénommés noblement « clubs », qu'ils éclairaient avec des lampes à pétrole et des bougies. » Une bande d'amis au sortir d'un dancing se rend dans un de ces lieux, une petite maison de banlieue abandonnée, dans laquelle se réunit toute la jeunesse chic de ce début des années folles pour y danser frénétiquement sur des rythmes noirs américains d'un jazz-band. L'avant dernier article est de 1921. Il est sur la danse : le fox-trott, le shimmy, les dancings, les restaurants à musique, les thés dansants, les danses en appartement au son d'un phono ... Le dernier papier, date de 1922. Il s'intitule « Brodway à Paris » : « Naguère, Montmartre avait le monopole des boîtes de nuit. Mais ce Montmartre frelaté (pas celui des artistes) s'est démocratisé à l'excès et les étrangers chics ont émigré vers des zones moins canailles. Leur essaim bourdonnant et doré s'est abattu un beau soir, on ne sait pourquoi, sur cette pauvre vieille rue Caumartin. C'est là que bat maintenant, avec le plus de frénésie, le rythme trépidant de la vie américano-parisienne. » L'auteur compare cette rue à « une sorte de Broadway en miniature » avec ses dancings comme le Teddy, le So different ... et surtout le Maurice's Club. De nombreux américains s'y retrouvent. On est ici près des fameux grands boulevards puisque la rue de Caumartin débute au commencement du boulevard des Capucines.

Manuel de l'homme élégant de 1923
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MANUEL DE L'HOMME ELEGANT DE 1923. Marsan, Eugène, Les Cannes de M. Paul Bourget et Le Bon Choix de Philinte : Petit Manuel de l'Homme élégant suivi de portraits en référence :Barrès, Moréas, Bourget, Alphonse XIII d'Espagne, Taine, Barbey d'Aurevilly, Baudelaire, Balzac, Stendhal. Avec une lettre de M. Paul Bourget à l'auteur. Dessins d'Henri Farge gravés sur bois par  Georges Aubert. Paris, Le Divan, 1923. XV-287 pages. Complet in-8 (16 x 23cm) broché. Intérieur parsemé de petites rousseurs, sans gêne pour la lecture .Le Bon Choix de Philinte comprend les chapitres intitulés : 'De la ligne', 'Du col', 'De la cravate', 'De la chemise', 'De la chaussure', 'Du chapeau', 'Des complets', 'Pour la chambre', 'De l'habit', 'D'une canne', 'Du linge', 'Du manteau', 'Des bijoux', 'Des parfums', 'Des gants', 'De la coiffure', 'D'une ligne nouvelle', 'Des mouvements', 'Du tabac', 'De la conversation', 'Du cheval', 'D'une voiture', 'De la danse', 'Du voyage', 'Des meubles', 'De la table', et 'D'une femme', ainsi que des 'Portraits et références', un 'Appendice', un 'Index analytique' et une 'Table des hors texte'.


ANNEES FOLLES. Page de la revue Fantasio (152) : « Un début dans le monde / en 1923 / L'invitation à la valse / dessin de Lorenzi. ». Fantasio est une revue satirique illustrée bimensuelle publiée à partir de 1907 jusqu'à la fin des années 1920. Dimensions : 29,8 x 20,6 cm.

Toilette 1923

ANNEES FOLLES. Le Petit Echo de la Mode. Revue datée de 1923 avec sur la page de couverture une dame devant sa table de toilette.


ANNEES FOLLES. Prospectus original (trouvé dans la cave du café Au Père tranquille dont l'emplacement est encore aujourd'hui en face des halles), d'époque Années folles (1918-39), de 10,6 x 13,4 cm. « Paris la Nuit aux Halles – Au Père Tranquille – Cabinets Particuliers - Soupers » Au dos : « ''Au Père Tranquille'' / le célèbre Cabaret-Restaurant des Halles / 16, rue Pierre-Lescot, Paris-1er Tél.: Louvre 20-34 / Soupers - Dancing - Chants - Attractions / de minuit au matin/ Tous les Plaisirs et Amusements / dans le « Ventre de Paris » / La Fameuse Soupe à l'Oignon Gratinée à 6 francs / Le Champagne de Marque à partir de 50 francs / et tout un Souper à des Prix Modérés / - Bar : consommations 8 francs - » L'actuelle brasserie parisienne Au Père tranquille existe depuis la fin du XIXe siècle quand les halles (le ventre de Paris) sont encore présentent (elles sont remplacées par l'actuelle galerie marchande à partir des années 1970). Le prospectus date des années folles. A cette époque le lieu fait office de cabaret – restaurant avec soupers, dancing, chants et attractions. On remarque que ce lieu allie toutes les gammes (de la soupe à l'oignon à 6fr au champagne à partir de 50 fr) et est donc largement ouvert tout en étant chic.

En habillant l'époque

PAUL POIRET. En Habillant l'Époque, ‎Paris, Grasset, 1930, 16ème édition, broché, 312 pages + 16 planches hors texte, 19,3 x 14 cm.


ZAZOU. Revue : Marie-Claire de février 1940 (n°155).

Zazous
LES ZAZOUS : NOUVEAUX DANDYS. Article pleine page de L'Illustration n°5168 du 28 mars 1942 intitulé Nouveaux dandys.  Dimensions : 38 x 28,5 cm. Les zazous tels que représentés sur les illustrations sont dans le pur style des États-Unis à l'époque : cheveux mi-longs et bouclés, épaules carrées, jupe courte au dessous des genoux et mocassins pour la fille ; coiffure 'banane', cravate étroite, blouson aviateur, pantalon large et chaussures épaisses pour le garçon. Voici l'article : « Un grand café du Quartier Latin vers 5 heures du soir Les facultés se sont vidées ; les bars bien chauffés se remplissent ; la traditionnelle jeunesse universitaire change de cadre et après l'amphithéâtre, vient, pour se détendre, palabrer dans le brouhaha des brasseries. Rien ne semble changé depuis des années, si ce n'est que moins de pipes fument au creux des mains et que les garçons et les filles accoudés devant des demis ou des boissons de remplacement représentent la France nouvelle, dont tous les discours officiels vantent le juvénile élan et le bon sens. Et, en fait, l'enthousiasme anime bien des regardsn car les jeunes auxquels on confie une grande tâche se dérobent rarement. Il existe cependant une catégorie d'étudiants qui, d'allure et de langage nettement différents, constituent en quelque sorte une tribu à part, ayant ses moeurs, ses coutumes et jusqu'à sa morale … Autour des tables, on les reconnaît aisément ; les hommes portent un ample veston qui leur bat les cuisses, des pantalons étroits froncés sur de gros souliers non cirés et une cravate de toile ou de laine grossière ; mais comme cela ne suffirait pas à les distinguer de tant d'autres Parisiens, ils lustrent à l'huile de salade, faute de matières grasses, leurs cheveux un peu trop longs, qui descendent  à la rencontre d'un col souple maintenu sur le devant par une épingle transversale. Cette tenue est presque toujours complétée par une canadienne dont ils ne se séparent qu'à regret et qu'ils gardent volontiers mouillée. Car ils ne sont vraiment eux-mêmes que sou la pluie : obéissant en cela à l'un des rites qui leur sont chers, ils traînent avec délices leurs pieds dans l'eau, crottent leur pantalon, exposent aux averses leurs cheveux touffus et gras. Quant aux femmes, elles cachent sous des peaux de bêtes un chandail à col roulé et une jupe plissée fort courte ; leurs épaules, exagérément carrées, contrastent avec celles des hommes, qui les « portent » tombantes ; de longs cheveux descendent en volutes dans leur cou ; leurs bas sont rayés, leurs chaussures, plates et lourdes ; elles sont armées d'un grand parapluie qui, quelque temps qu'il fasse, reste obstinément fermé. Tel est l'uniforme que ces jeunes gens ont tenu à arborer pour coopérer à la reconstruction de la France, pour parler de l'avenir entre deux danses épileptiques et clandestines … entre deux swings … Successeurs des Muscadins, des Merveilleuses, des Charleston et de tous les insouciants nés des grands troubles, ils imitent des personnages traditionnels en parlant avec emphase et en faisant des effets de bars ; ce qui ne les empêche pas de prendre leur rôle au sérieux et d'exposer leur profession de foi dans un refrain dont les notes aigües font vibrer les pianos et les haut-parleurs : « Je suis swing, da dou, da dou, dadoudé ... » Swing ! Un mot que le public accueille avec un haussement d'épaules indulgent comme une mode inoffensive ou une invention de chansonnier en quête de cible nouvelle ; un mot étranger dont il connaît d'ailleurs mal le sens et dont il fait, par ignorance, le synonyme de « chic » ou l'équivalent d' « agité » ; un mot cependant qui résume tout un programme, car, traduit en français, il signifie « direct », désigne le coup de poing du boxeur et semble évoquer la ligne droite, le dynamisme, la franchise poussée jusqu'à la brutalité. Le terme, reconnaissons-le, serait assez bien choisi et aurait peut-être fait fortune sans sa parure d'enfantillages, que blâment les non-initiés et les speakers des deux zones. « Nous poursuivons cependant une politique de redressement » clament les adeptes. Et, après avoir écrasé de leur mépris ceux qui ont fait et manqué la guerre, ils arborent en toutes circonstances un air soucieux dont rien ne les fait se départir. Conscients d'avoir le monde à remuer, ils poussent leurs idées dans la conversation avec des gestes las et affectés. Et il n'est de domaine qui ne les attire ; leur activité s'étend jusqu'à l'art, dont ils ont la prétention d'orienter les tendances : en musique ils recherchent la succession des sons graves et aigus qui coupent, en haut, la respiration pour ne la rendre que dans l'abîme insondable des basses : les montagnes russes en harmonie … Ils ont leurs jazz spécialisés, conduits par des chefs d'orchestre qui ne battent plus la mesure avec les jambes et les hanches comme au temps du shimmy, mais avec les épaules ; et de ces conducteurs d'orchestre ils font pour ainsi dire les grands-prêtres du swing chargés de communiquer au public leur fièvre croissante, leur agitation rythmée afin de créer une sorte d'hallucination collective ; des concerts sont régulièrement organisés dans les grandes salles de Paris, où se bousculent les amateurs enthousiastes. En peinture, ils dédaignent le dessein pour n'accorder d'intérêt qu'à la « pâte », dont ils décrivent les épaisseurs d'un geste professionnel du pouuce dressé en spatule. Tels sont les vrais gens swings du Quartier Latin, ceux que l'on appelle par dérision les « zazou » et qui sont à l'origine de « mouvement » dont le style fut par la suite déformé. Car il existe maintenant une autre variété de ces dandys nouveaux ; une imitation superficielle, beaucoup plus élégante et moins « pure », qui siège aux Champs-Elysées ; ces swings-là vont encore chez le coiffeur, portent des pantalons bien coupés, mais se contentent d'un rôle de figurants sans en rechercher l'esprit. D'autres enfin, qui ne sont plus de première jeunesse, croient donner l'illusion de l'éternel printemps en imitant les étudiants ; mais à ces hommes mûrs, qui n'ont pas l'excuse de la puérilité, il faut l'atmosphère un peu frelatée des boîtes de nuit et un quartier général dans un établissement de Montmartre … … Et nous allions oublier le signe de ralliement, qui n'est point un blanc panache, mais, pour les filles, une curieuse touffe de cheveux frisés dressée vers le ciel et, pour les garçons, une mèche ondulée … Souhaitons que cette carapace de petits snobismes se dégage en temps voulu la volonté d'agir. Robert Baschet. Dessins de Marcel Chamard. »

ZAZOUS. Carte possible (14 x 9 cm) de vers 1945 représentant un zazou se baignant avec deux jeunes femmes zazous le prévenant : « - Quelle folle imprudence, Mr Zazou ! » Les baigneuses, bien qu'en maillot de bain, ont le visage très maquillée ce qui est caractéristique de cette mode, et le baigneur porte des lunettes noires, la veste à carreaux et de grosses chaussures. Le caricaturiste se moque de la frilosité et du caractère peureux du zazou. Les petits-maîtres sont souvent considérés comme craintifs voir lâches. En vérité c'est tout le contraire. Ils ont un sens de l'honneur très développé et malgré leur apparence frêle sont souvent très courageux. C'est le cas des incroyables durant la Révolution et des zazous pendant la seconde guerre mondiale. Leur aspect délicat et leur côté insouciant leur permettent de continuer à afficher leur liberté même dans les moments les plus terribles de notre histoire.

Ils sont zazous
ILS SONT ZAZOUS. Partition datée de 1942. Les paroles sont de Maurice Martelier et la musique de Johnny Hess avec un tempo swing. Cette chanson a été interprétée  notamment par Charles Trenet. « Les cheveux tout frisottés / Le col haut de dix huit pieds / Ah ! Ils sont zazous ! / Le doigt comme ça en l’air / Le veston qui traine par terre / Ah ! Ils sont zazous ! / Ils ont des pantalons d’une coupe inouïe / Qui arrive un peu au dessous des genoux / Et qu’il pleuve ou qu’il vente ils ont un parapluie / Des grosses lunettes noires et puis surtout / Ils ont l’air dégouté / Tous ces petits agités / Ah ! Ils sont zazous ! / Un jour un brave notaire / De son pays débarquant / Venait pour de grosses affaires / De legs et de testaments / Il avait l’allure très digne / Mais comme les modes de maintenant / Ont à peu près la même ligne / Que celle de dix neuf cent / Deux jeunes zazous s’écrièrent en l’apercevant : / Ce qu’il fait distingué / Son col haut de dix huit pieds / Ah ! Ce qu’il est zazou ! / Il a ce brave notaire / Le veston qui traine par terre / Ah ! Ce qu’il est zazou ! / Il ne se doutait pas ce très digne notaire / Qu’il pouvait être à ce point zazou / Car tous ses vêtements lui venaient de son grand-père / Le col, le veston, et tout et tout / Il fut tout étonné / De se voir ainsi remarqué / Par tous les zazous ! / De retour chez lui le notaire / Sidérait tous ses amis / Y ne marchait que le petit doigt en l’air / Mais bientôt ce fut bien pis / Cette maladie pris sa fille / Sa femme, son clerc, son toutou / Enfin toute la famille / Tout le monde devint zazou / Dans le pays quand y se promenaient on les croyait fous / En les voyant passer / Les braves gens s’écriaient / Tiens ! Voilà les zazous ! / Après mûres réflexions / Le docteur en consultation / Dit : Ils sont zazous ! / C’est une maladie un peu particulière / Bientôt il n’y paraitra plus rien / Avec une bonne cure de polka de nos grands-mères / Puis se regardant il dit : Tiens ! Tiens ! / Mes cheveux tout frisottés / Mon col haut de dix huit pieds / Mais je suis zazou ! / Tout comme le notaire / Mon veston traine par terre / Donc je suis zazou ! / Et si ce n’est qu’une question vestimentaire / Je suis le plus zazou d’entre nous / Car ma redingote traine jusque par terre / Je ne vois qu’un remède faisons couper tout / Le docteur avait compris / Que là se tenait l’esprit de tous les zazous ! »
Le zazou neurasthénique
LE ZAZOU NEURASTHENIQUE. Paroles d'André Mile, musique de Paule Muray, joué sur un swing mou. Dans cette chanson le zazou est décrit dans sa posture de 'petit dégouté' que l'on retrouve souvent chez les petits maîtres ; surtout après la Révolution. Cette mollesse est décriée et ces gandins en rajoutent. On retrouve dans cette chanson d'autres thèmes appartenant aux jeunes à la mode : le chahut, la simulation de la folie, la distinction, le bon ton ; les manières de danser, de s'habiller et de se tenir très particulières. Voici le texte de cette chanson : « COUPLET C'est un vrai swing, Un tout joli un classique Dans les dancings C'est un des plus frénétiques Et ses grands vestons Ses cheveux en festons Indiquent le bon ton Mais il n'est pas gai. Sous son air distingué On le sent fatigué Le swing lentement froidement sûrement Le swing l'a tué l'a vidé possédé Mais sur les genoux rendu fou rendu mou Le Zazou Di es i rae di es i la ah ! Il a l'air flemmard son regard est hagard Il se sent mourir dépérir et maigrir Car le cerveau flou par à coups se dissout Du zazou  Di es i rae di es i la ah ! Le chahut éperdu Des saxophones Le vaincu la tordu Il déraisonne Il a les cheveux douloureux c'est affreux. Le jazz le terrasse et fracasse sa carcasse Et dans ses yeux fous Ya surtout le dégout Du zazou  Di es i rae di es i la. II COUPLET Tous les docteurs, On dit que c'était chronique. Le swing rageur, L'a rendu neurasthénique. Il se ramollit On le sent abruti C'est un garçon fini On a essayé D'un peu le soulager Mais il est condamné. III COUPLET Je l'ai vu hier Ça m'a fait bien de la peine L'index en l'air Et le veston à la traîne Et lorsqu'il me vit L'air affable il me dit : C'est moi Tchaikowsky j'ai compris de suit' Qu'sa cervell' décrépit' Etait bouffée' des mit's. » Ces paroles sont publiées pour la première fois sur Internet ; comme nombre des documents textuels et iconographiques de ce blog. Du reste presque tout le corpus iconographique concernant la mode provient de photographies prises à partir de documents d'époque de ma collection.
Mon heure de swing
MON HEURE DE SWING. « Mon heure de Swing : La chanson des vrais Da Dou Da Dou Da ». Paroles de Georgius et musique de H. Rawson. Indication de « Copyright 1941 ». La partition commence par une « Annonce : On dit que les êtres humains ont une heure de folie par jour. Moi j'ai ça … mais comme je suis plus moderne … c'est mon heure de swing. » Ensuite vient la chanson : « C'est mon heure de swing Oui, mon heure de swing Doudadou dadou dadou dadou dadou L'index en avant Secoué d'un tremblement C'est charmant ! Quand Cela me prend C'est mon heure de swing J' fais des boum, des bing Doudadou dadou dadou dadou dadou Je me sens tellement gamin Soudain En sortant de mon bain L'œil perdu au lointain Zut pour les voisins ! J'ai mon heure de swing L'heure où je trépigne J'en fiche un coup Doudadou dadou ! Dou ! L'autre jour, rue Bleue On faisait la queue Était-ce pour du lait, du beurre ou des choux ? Un vieux sergent d' ville Me fait prendre la file Tout l' monde était renfrogné quand tout à coup J'ai mon heure de swing Je fais « Boum » et « Bing » Doudadou dadou dadou dadou dadou À côté de moi Une vieille, prise d'effroi S'écrie « Quoi ! Quoi ? » Et m' mord le doigt. C'est mon heure de swing, Mais l'agent, très digne Doudadou dadou dadou dadou dadou Lui a dit « C'est un pauvre d'esprit » Doucement il m'a souri - « Suivez-moi mon ami. » Mais je lui ai dit :C'est mon heure de swing Et lui a fait « Bing » Son pied dans mon Doudadou dadou ! Le bon vieux notaire De la rue Daguerre Est mort l'autre jour. Quel bel enterrement, À la sacristie Fin d' cérémonie, On s'inclinait devant la famille ... quand … J'ai mon heure de swing Je fais « Boum » et « Bing » Doudadou dadou dadou dadou dadou Le brave bedeau Me casse sur le dos, Aussitôt, Oh ! Canne et pommeau. J' suis sorti, en swing, Et fier comme un cygne, Doudadou dadou dadou dadou dadou. Dehors les badauds faisaient la haie, Tous les chiens aboyaient, Les vieilles se signaient, L' croque-mort en claquait, Mais … J'étais très swing En plein « Boum » et « Bing »J'ai tout du fou Doudadou dadou ! C'est mon heure de swing, Faut qu'on s'y résigne. Doudadou … L'épidémie s'étend partout. Avec son cabas, Plein de rutabagas, Un pauvre gars Ah! Là-bas s'en va En faisant le swing Son doigt fait des signes, Doudadou … Il traverse entre les clous, Il va s'engouffrer dans le métro, On n'y est jamais trop Départs, virages, cahots, Pauvres asticots, Tout l' monde fait du swing Des « Boum » et « Bing » On travaille du … Doudadou dadou. Ah ! Pitié pour nous, Ah ! Guérissez-nous Du dadou dadou dadou da douda … Dou ! »
Quand je danse le boogie
QUAND JE DANSE LE BOOGIE. Partition de Quand je danse le boogie (1943). Le swing n'est pas la seule musique à la mode chez les zazous, il y a aussi par exemple le boogie-woogie.
Vercoquin et le plancton
VERCOQUIN ET LE PLANCTON. de Boris Vian (1920-1959), Paris, Gallimard : La plume au vent (collection dirigée par Raymond Queneau), cinquième édition, octobre 1946. La première édition semble être elle aussi chez Gallimard et date de la même année. L'auteur y relate l'organisation de surprises parties pendant l'occupation par et pour des zazous. Voici une description des habits et de la façon de danser d'un couple swing : « Le mâle portait une tignasse frisée et un complet bleu ciel dont la veste lui tombait aux mollets. Trois fentes par derrière, sept soufflets, deux martingales superposées et un seul bouton pour la fermer. Le pantalon, qui dépassait à peine la veste, était si étroit que le mollet saillait avec obscénité sous cette sorte d'étrange fourreau. Le col montait jusqu'à la partie supérieure des oreilles. Une petite échancrure de chaque côté permettait à ces dernières de passer. Il avait une cravate faite d'un seul fil de rayonne savamment noué et une pochette orange et mauve. Ses chaussettes moutarde, de la même couleur que celles du Major, mais portées avec infiniment moins d'élégance, se perdaient dans des chaussures de daim beige ravagées par un bon millier de piqûres diverses. Il était swing. La femelle avait aussi une veste dont dépassait d'un millimètre au moins une ample jupe plissée en tarlatatane de l'île Maurice. Elle était merveilleusement bâtie, portant en arrière des fesses remuantes sur des petites jambes courtes et épaisses. Elle suait des dessous de bras. Sa tenue moins excentrique que celle de son compagnon, passait presque inaperçue : chemisier rouge vif, bas de soie tête de nègre, souliers plats de cuir de porc jaune clair, neuf bracelets dorés au poignet gauche et un anneau dans le nez. Il s'appelait Alexandre, et on le surnommait Coco. Elle se nommait Jacqueline. Son surnom, c'était Coco. Coco saisissait Coco par la cheville gauche et, la faisant habilement pivoter en l'air, la recevait à cheval sur son genou gauche, puis, passant la jambe droite par-dessus la tête de sa partenaire, il la lâchait brusquement et elle se retrouvait debout, la figure tournée vers le dos du garçon. Il tombait soudain en arrière, faisait le pont et insinuait sa tête entre les cuisses de la fille, se relevant très vite en l'enlevant de terre et la faisant repasser, la tête la première, entre ses jambes, pour se retrouver dans la même position, le dos contre la poitrine de sa compagne. Se retournant alors pour lui faire face, il poussait un « Yeah ! » strident, agitait l'index, reculait de trois pas pour avancer aussitôt de quatre, puis onze sur le côté, six en tournant, deux à plat ventre, et le cycle recommençait. Les deux transpiraient à grosses gouttes, concentrés, un peu émus de l'attention nuancée de respect que l'on pouvait lire sur le visage des spectateurs admiratifs. Ils étaient très, très swing. » » Dans son Manuel de Saint-Germain-des-Prés publié en 1951, Boris Vian critique le zazou au profit de l'existentialiste dans lequel il se reconnaît plus.


EXISTENTIALISTES. Gaschet, Liliane, Ces gens de Sartre ville, Paris, Self, 1953, collection: Café de Flore. In-12° broché, 236 pages. Préface de P. Descaves. Roman reportage sur Saint-Germain-des-Prés et la faune du Café de Flore.


EXISTENTIALISTES. Les Temps Modernes. Revue de Jean-Paul Sartre.



LE BRANCHE. La Fin des Branchés de Jean Rouzaud (1983). Première édition.
BCBG : Le guide du bon chic bon genre

LE BCBG. B.C.B.G. : Le guide du bon chic bon genre de Thierry Mantoux, France loisirs, édition revue et corrigée de 1986 (la première édition date de 1985).
Autres :
1904 La Mode
1904. La Mode du Petit Journal. Supplément. N°32 du 7 août 1904. Dimensions : 44,7 x 31,4 cm. Revue incomplète et déchirée.
1905 La Mode illustrée
1905. La Mode Illustrée, n°45, du 5 novembre1905, de 39,8 x 28,7 cm.
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